Soleymani contre Nifty. La Cour d’appel ne convainc pas sur l’exception d’arbitrage de Bruxelles Ia (telle qu’appliquée aux consommateurs) mais lève une suspension pour permettre que l’étendue des droits des consommateurs en vertu du droit anglais soit contestée au Royaume-Uni.

Soleymani contre Nifty Gateway LLC [2022] EWCA Civ 1297 est l’appel contre [2022] EWHC 773 (Comm) que j’ai examiné ici. Cet article donnera aux lecteurs le contexte nécessaire. La Cour d’appel a partiellement annulé. Le juge avait prononcé une suspension de la procédure anglaise en vertu de l’article 9 de la loi sur l’arbitrage de 1996, permettant effectivement à un arbitre américain de décider de la validité de la convention d’arbitrage. Ce sursis a maintenant été levé et la procédure E&W sur cette question se poursuivra.

Il convient de noter que la discussion se déroule dans le cadre du droit de l’UE conservé, les dispositions pertinentes de l’article ia s15b de la loi de 1982 sur la compétence et les jugements civils (telle que modifiée) reflétant la section des consommateurs de Bruxelles Ia et la directive 93/13 sur les clauses abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs , tel que modifié.

UN premier motif d’appel portait sur le cœur de la question Bruxelles Ia: la Cour avait-elle compétence en vertu de l’art. 15B CJJA parce que l’exception pour l’arbitrage prévue à l’article 1(2)(d) du règlement de refonte ne s’appliquait pas à la demande d’arbitrage. En d’autres termes, si l’exclusion de l’arbitrage est engagée lorsqu’un consommateur, normalement protégé par les dispositions du forum actoris dans A17 ff BIa, fait appel à cette protection pour saisir un tribunal britannique.

Le juge de première instance a estimé que l’objectif principal et l’objet de la demande de M. Soleymani étaient de savoir s’il était légalement tenu d’arbitrer, engageant ainsi l’exception d’arbitrage. La Cour d’appel est d’accord pour les mêmes raisons que le juge, et avec Popplewell J [89] n’indiquant aucun changement dans son point de vue après CJEU Prestige. La propre conclusion de l’AC dans [2021] EWCA Civ 1589 Le Prestige est rappelé : « La question est de savoir si l’objet principal de la procédure est l’arbitrage, si l’objet essentiel de la demande concerne l’arbitrage, ou si la réparation demandée peut être considérée comme accessoire à la procédure d’arbitrage, ce sont des alternatives. façons d’exprimer la même idée ».

L’accent de la Cour d’appel semble être d’éviter les abus du consommateur, qui pourrait contourner l’exception d’arbitrage en faisant entrer sa demande dans le champ d’application de la BIa, la qualifiant ainsi de demande visant à faire valoir ses droits de consommateur.

Je continue à trouver l’alternative la plus convaincante : que la section consommateur pourrait être facilement contournée, en particulier par des commerçants basés hors de l’UE et/ou en cas d’arbitrage hors de l’UE, simplement en insérant une clause ADR dans le contrat, privant le consommateur du forum actoris. Les neuf motifs de l’avocat du demandeur [51] à mon avis, ont un attrait convaincant, et non la suggestion de Popplewell J [93] ff que dans la pratique, le consommateur serait de toute façon protégé, soit par la possibilité d’intenter une action en justice au Royaume-Uni et de faire déclarer nulle la clause ADR en vertu de la loi sur la protection des consommateurs, soit par la possibilité de faire déclarer toute sentence étrangère inapplicable en vertu de l’ordre public de la Convention de New York exception. Le cas d’espèce montre les difficultés réelles (et les coûts) auxquels le consommateur sera confronté si et quand l’entreprise partie à la transaction décide de poursuivre la procédure d’arbitrage à l’étranger.

la deuxième moyen d’appel a été rejetée parce qu’elle s’appuyait sur l’art. 15D(1) étant interprété comme invalidant la clause compromissoire, ce que la Cour avait déjà jugé non sol 3 a été acceptée, pour des raisons formulées par Birss LJ.

La demande de M. Soleymani consistait en demandes de trois déclarations distinctes : (i) une déclaration selon laquelle la clause compromissoire était abusive et non contraignante, (ii) une déclaration selon laquelle la clause relative à la loi applicable était abusive et non contraignante, et (iii) une déclaration selon laquelle la contrat formé lors de la vente aux enchères était illégal en vertu de la loi de 2005 sur les jeux de hasard.

Les questions de compétence sous les motifs 1 et 2 de l’appel ne concernent que le premier de ces trois motifs, la demande de clause compromissoire. Le juge, tel que discuté, a décidé que la demande d’arbitrage relevait de l’exception d’arbitrage qui fait désormais partie de la CJJA (et avait son origine dans la Convention de Bruxelles et le règlement de refonte ultérieur), et l’appel de cette décision a été rejeté.

La juge a cependant également décidé que les deux autres réclamations, à savoir la réclamation relative à la loi applicable et la réclamation relative à la loi sur les jeux, ne relevaient pas clairement de l’exception d’arbitrage, mais elle a suspendu la procédure E&W pour céder la place à l’arbitrage à New York. Par conséquent, ces demandes étaient au moins susceptibles de relever de la passerelle de compétence prévue à l’article 15B (2) (b) CJJA 1982. Le motif 3 a fait valoir que le juge de première instance avait commis une erreur en suspendant ces procédures en vertu de l’article 9 de la loi sur l’arbitrage sans déterminer l’équité. question ou ordonner un procès devant le tribunal anglais sur les questions soulevées par cette objection.

Ce motif a été retenu pour trois raisons [151] ff qui vont toutes vers des limites à la compétence en matière de consommation (et autres ?).

Premièrement, l’importance publique des décisions faisant valoir (ou non) les droits des consommateurs. L’affaire que M. Soleymani cherche à faire valoir a des implications pour les consommateurs en général dans cette juridiction et il est important qu’elle soit examinée et tranchée en public par un tribunal. Par conséquent, il a été jugé que les questions relatives à l’article 9(4) devaient être tranchées lors d’un procès et non laissées au tribunal arbitral.

Plus loin [152] les droits de protection des consommateurs en vertu de la législation britannique impliquent des concepts nationaux sur lesquels les tribunaux britanniques sont bien mieux placés pour statuer qu’un arbitre de New York. Même s’il était certain que le tribunal de New York appliquerait le droit britannique (un engagement tardif en ce sens a été pris et discuté [155] ff), elle met en jeu des principes qui font l’objet de notre jurisprudence nationale, et non simplement une notion générale d’équité.

Troisièmement, la question de savoir si la convention d’arbitrage s’applique effectivement de manière inéquitable à M. Soleymani ne se prête pas à une détermination sommaire. « Si l’argument de l’invalidité est bon, les raisons mêmes qui le rendent bon, à savoir qu’il impose une charge injuste à M. Soleymani, pèsent contre le fait de permettre au tribunal de trancher la question dans le cadre de sa compétence-compétence. La conclusion du juge selon laquelle il n’y aurait rien d’inéquitable à laisser à l’arbitre le soin de trancher cette question est incompatible avec sa reconnaissance qu’il y avait une question pouvant faire l’objet d’un procès de savoir s’il s’agissait d’une convention d’arbitrage inéquitable. »

Geert.

Droit international privé de l’UE, 3e éd. 2021, rubriques 2.2.3.2 et 2.2.9.2.