Quoi retenir de ce texte : La truie, le juge et l’avocat

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Je viens de trouver ce papier sur la thématique « la justice ». Avec régal nous vous en offrons l’essentiel plus bas.

Le titre (La truie, le juge et l’avocat) en dit long.

Le chroniqueur (présenté sous le nom d’anonymat
) est positivement connu pour plusieurs autres articles qu’il a publiés sur le web.

Les informations communiquées sont de ce fait jugées crédibles.

Sachez que la date d’édition est 2023-05-22 12:42:00.

L’article :


U

n procès à venir fait grand bruit dans la cité. Une truie est accusée d’avoir provoqué la mort d’un cavalier fortuné. Plusieurs témoins sont formels et ont sans hésitation reconnu l’animal. Nombreux sont ceux qui en appellent à la peine capitale : le juge, le procureur et même le plaideur, désigné pour assurer sa défense. Ce dernier espère seulement obtenir que la sanction ne soit pas le bûcher, dans le but de récupérer un succulent jarret. Mais un avocat déchu décide de renfiler la robe pour tenter d’obtenir justice.

Loin d’être une fantaisie fruit de l’imagination des auteurs, les procès d’animaux ont bel et bien existé en France, en particulier au Moyen-Âge. C’est la Bible elle-même qui justifie une telle pratique : « Si un bœuf encorne un homme ou une femme et cause sa mort, le bœuf sera lapidé et l’on n’en mangera pas la viande, mais le propriétaire du bœuf sera quitte » (Exode, 21.28). Dans cet exercice, porcs, cochons et truies sont les plus souvent concernés, en raison du vice diabolique qui les habiterait. En réalité, ces simulacres d’audiences (qui aboutissent quasi-systématiquement à la condamnation de l’inculpé) servent d’exemples pour celles et ceux que les bourgeois ont intérêt à rendre dociles : les hommes.

Laurent Galandon et Damien Vidal s’approprient cet intéressant matériel pour développer une sorte de fable judiciaire mettant en scène des personnages stéréotypés. Un juge cruel à bien des égards, symbole de la puissance aveugle des forts sur les faibles, des riches sur les pauvres, des hommes sur les femmes. Une truie et son propriétaire, perdus voire désabusés, qui découvrent bien malgré eux le fonctionnement d’un appareil judiciaire dont ils se gardaient bien éloignés jusqu’alors. Un avocat traînant dans la rue, motivé tant par sa soif de vérité que par son souhait de réhabilitation. Chaque protagoniste tient parfaitement son rôle et permet au scénariste de peindre un portait glaçant de la société contemporaine.

Car ce récit interroge, de toute évidence, le propre rapport de chacun-e à cette institution millénaire qu’est la justice, sous de multiples angles. Difficile, d’abord, de ne pas avoir une pensée pour le tournant majeur dans le droit pénal français qu’aura constitué la loi d’abolition de la peine de mort, promulguée le 9 octobre 1981 et dont certains (trop nombreux, certainement) souhaiteraient voir l’abrogation. Le poids de l’opinion publique sur les jugements rendus est, aussi, au cœur du sujet et trouve un écho particulier dans l’actualité. Enfin, l’asymétrie des condamnations est mise en lumière et ravive un sentiment exprimé de longue date par Jean de la Fontaine (et probablement jamais aussi bien depuis) : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » (Les animaux malades de la peste).

Rondement menée, engagée à souhait et réservant un final inattendu, La Truie, le Juge et l’Avocat est une histoire percutante à découvrir d’urgence.

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Par D. Kebdani

A lire:

De la justice dans la Révolution et dans l’Église,Le livre .

L’Encyclopédie/1re édition/BASSE-JUSTICE,Le livre . Disponible dans toutes les bonnes librairies.

Une justice toujours spécialisée pour les mineurs ?,Le livre . Ouvrage de référence.