Chaque mois de septembre, le débat sur l’état de l’Union européenne ou SOTEU se tient au Parlement européen, au cours duquel le président de la Commission européenne vient discuter avec les députés des réalisations de la Commission au cours de l’année écoulée et de ses projets futurs.
Cette année, le discours de von der Leyen était largement axé sur la guerre en Ukraine et la situation énergétique liée dans l’UE. La présidente a commencé son discours en condamnant une fois de plus les actions de la Russie et en applaudissant la solidarité mondiale envers l’Ukraine, après quoi elle a annoncé de nouvelles mesures de soutien.
La présidente a également reconnu que les mois à venir ne seront pas faciles en raison de la situation économique mondiale et de la guerre de Russie, qu’elle a qualifiée de « guerre contre notre énergie, une guerre contre notre économie, une guerre contre nos valeurs et une guerre contre notre avenir’ .
La malheureuse dépendance aux énergies fossiles de la Russie a été rappelée et une action exemplaire des pays baltes, qui ont investi dans les énergies renouvelables, dans les terminaux méthaniers et dans les interconnexions, a été saluée. La Commission a ensuite rappelé les actions et développements récents dans le domaine de l’énergie, tels que l’accord des États membres sur le stockage commun (actuellement à 84 %) et la diversification de la Russie vers les États-Unis, la Norvège, l’Algérie et d’autres, les importations de gaz russe diminuant en par an de 40% à 9% de gazoduc. Cependant, de tels changements ne suffisent pas et, combinés aux effets de la crise climatique (sécheresses, canicules), ils se traduisent par des prix de l’énergie 10 fois plus élevés qu’avant la pandémie.
Pour faire face à ces effets, la Commission a déjà proposé des mesures permettant aux États membres de réduire leur consommation globale d’électricité et les États membres ont investi des milliards pour aider les ménages vulnérables. Cependant, le président a révélé les propositions de la Commission pour de nouvelles mesures d’urgence et temporaires et des plans futurs :
- plafonner les revenus des entreprises qui produisent de l’électricité à bas coût, avec l’intention de lever plus de 140 milliards d’euros pour que les États membres amortissent directement le coup
- imposer une contribution de crise aux grandes compagnies pétrolières, gazières et charbonnières
- entamer des discussions pour éventuellement fixer des plafonds de prix sur le prix de l’énergie
- renforcer les relations avec des fournisseurs comme la Norvège et mettre en place un groupe de travail
- passer du benchmark TTF à un benchmark plus représentatif pour refléter le passage du pipeline au GNL
- atténuer les problèmes de liquidité des marchés à terme de l’électricité en modifiant les règles relatives aux sûretés et en prenant des mesures pour limiter la volatilité des prix intrajournaliers
- modifier le cadre temporaire des aides d’État en octobre pour permettre l’octroi de garanties d’État
- faire passer l’économie de l’hydrogène de niche à l’échelle, l’une des étapes les plus notables étant la création d’une nouvelle banque européenne de l’hydrogène pour garantir l’achat d’hydrogène, en utilisant les ressources du Fonds d’innovation (3 milliards d’euros d’investissement sont attendus)
- à faire pression pour un accord mondial ambitieux pour la nature lors de la conférence des Nations Unies sur la biodiversité à Montréal plus tard cette année et à la COP27 à Charm el-Cheikh
- d’utiliser les fonds NextGenerationEU pour soulager l’économie et financer des projets d’énergies renouvelables (jusqu’à présent, 100 milliards d’euros ont été versés aux États membres et il reste 700 milliards d’euros)
- un train de mesures d’aide aux PME, qui comprendra une proposition d’un ensemble unique de règles fiscales pour faire des affaires en Europe (« BEFIT ») et une révision de la directive sur les retards de paiement (qui conduit à des faillites en raison de retards de paiement)
Le président a également reconnu que l’environnement économique actuel entraînera une augmentation de la dette publique envers les États membres. Pour cette raison, la Commission proposera des règles plus flexibles sur les trajectoires de réduction de la dette, afin d’encourager les investissements durables, tout en maintenant intacts les principes de responsabilité.
Outre d’autres questions abordées par la présidente telles que l’État de droit, les valeurs démocratiques, les mesures en cas de pandémie, elle a mentionné que la Commission s’emploie également à renforcer l’industrie de transformation de l’UE et propose une loi européenne sur les matières premières critiques et augmentera la participation financière d’importants Projets d’intérêt européen commun.
On s’attend à ce que la Commission soumette prochainement des propositions formelles pour les mesures mentionnées.
Lire l’intégralité du discours sur l’état de l’Union 2022 de la présidente von der Leyen ici.