Dans le cadre de notre devoir de vous alerter, nous publions ci-dessous un texte vu sur internet ce jour. Le thème est «la justice».
Son titre saisissant (peut-on faire confiance aux conseils des « ChatGPT du droit »?) est parlant.
Présenté sous le nom «d’anonymat
», l’auteur est reconnu comme quelqu’un de sérieux.
Vous pouvez de ce fait faire confiance à cette parution.
L’intelligence artificielle se montre particulièrement adaptée pour répondre à des questions juridiques précises. En France, deux exemples se sont démarqués: Ordalie et LegiGPT.
Le robot conversationnel ChatGPT continue de montrer ses possibilités jour après jour. Et s’il pouvait jouer les avocats? En France, quelques entrepreneurs ont voulu tester ses compétences avec chacun un même but: rendre la loi plus accessible pour tous.
Steeve Morin, un Français ancien employé de Google, a utilisé le logiciel pour créer LegiGPT, un chatbot capable de répondre aux questions juridiques des internautes. Construit sur la version GPT-3.5, le robot a été entraîné, avec les quelque 148.000 textes de loi français, comportant tous les codes de justice.
L’outil a immédiatement rencontré un franc succès. Si le robot conversationnel prouve déjà des capacités frappantes avec GPT-3.5, « ça n’a rien à voir avec la version GPT-4 » explique Steeve Morin à Tech&Co. « J’ai montré le résultat à des avocats qui ont été sincèrement bluffés ».
Rendre la loi accessible
Steeve Morin insiste sur la pertinence de LegiGPT pour traiter du cas par cas, au plus proche du demandeur. « Les modèles de langage sont particulièrement doués pour traiter des informations comme les lois. En fait, les lois, ce sont des suites d’instruction, une sorte de code pour les humains. Elle s’applique très bien à l’intelligence artificielle ».
Même constat pour Ordalie, le logiciel créé par Léa Fleury, juriste de formation et Baudouin Arbarétier, deux entrepreneurs qui se sont aussi lancés dans la course. « Notre conviction initiale partait de l’adage ‘nul n’est censé ignorer la loi’. Sauf qu’aujourd’hui, beaucoup de citoyens ne sont pas au courant de tout: la loi est disparate et parfois inintelligible », constate Léa Fleury.
Les cofondateurs d’Ordalie, eux, ont pris l’initiative de dépasser le modèle de ChatGPT. « Nous sommes partis de la base de GPT-3.5, qui nous sert de modèle de langage, mais nous avons ensuite développé nos propres modèles d’intelligence artificielle. Nous avons créé une base vectorielle qui permet de proposer les réponses les plus pertinentes et les plus complètes possibles. Avoir notre propre modèle nous procure aussi une valeur ajoutée », développe Léa Fleury.
Un modèle qui semble convaincre, puisque depuis le lancement le 1er mai dernier, plus de 11.000 requêtes ont été faites auprès d’Ordalie, qui compte aussi plus de 17.000 visites.
Ordalie s’adressant notamment aux professionnels (juristes ou non), ses fondateurs ont pris le soin d’y intégrer par exemple, en plus du Code du Travail, tous les textes de jurisprudence et les conventions collectives pour les entreprises. « Si nous n’avions intégré que le Code du Travail, Ordalie ne fournirait que la moitié de la réponse, c’était donc indispensable ».
En plus de traiter la question de façon personnalisée pour la personne en question, le logiciel est en mesure d’indiquer au demandeur certains textes de loi auxquels il n’aurait pas pensé.
Ici, Tech&Co a posé la même question aux deux robots conversationnels Ordalie et LegitGPT: « Je suis journaliste et un média a entièrement recopié un article que j’ai écrit moi-même, sans me citer. Que puis-je faire ? »
Bien que les deux robots conversationnels évoquent le Code de la Propriété intellectuelle, ils ne font pas appel aux mêmes articles. On remarque une réponse plus synthétique et plus concise du côté d’Ordalie. Autre différence, Ordalie précise dans un encart les textes de loi précis utilisés dans la réponse. Un critère « indispensable » pour Léa Fleury, car en droit, « il est primordial de donner une réponse fondée ».
Rédiger une lettre, trouver une information
N’importe quel citoyen peut également demander aux IA de l’aide dans la rédaction d’une lettre officielle. « Pour envoyer une plainte, pour faire un recours, il peut se révéler d’une aide précieuse » explique Steeve Morin.
« Les textes de loi sont assez complexes pour un citoyen lambda. En plus de ça, personne n’irait solliciter un avocat pour poser chaque petite question de la vie courante », abonde-t-il.
L’idée est partagée chez Ordalie: « on visait d’abord, en plus des particuliers, les petites et moyennes entreprises qui n’ont pas forcément les moyens d’avoir recours à un avocat pour poser des questions juridiques simples ».
L’enjeu du financement
Côté financement, les deux projets sont sortis de la poche des entrepreneurs. « On a dû limiter les requêtes à 20 messages par mois pour l’heure, pour éviter les abus et réduire les coûts. Mais dès qu’on aura trouvé des financements et donc de la stabilité, le but est de le rendre illimité », explique Léa Fleury.
Même chose pour Steeve Morin, dont le logiciel n’est publiquement accessible que dans sa version GPT-3.5. « Je paye tout de ma poche », explique-t-il. En cause, les coûts particulièrement élevés d’utilisation de la version supérieure, GPT-4, qui est pourtant, selon lui, « bien plus bluffante dans tous les sens du terme ».
Sur Twitter et en privé, les internautes sont enthousiastes: « Certains m’ont dit ‘je paierai pour avoir accès à une version payante’ », explique le développeur. « On verra bien ce que ça donne ». Ordalie a également été très bien reçue « par les particuliers comme les professionnels ».
Malgré tous, certains professionnels du droit émettent des craintes, celle de l’obsolescence des métiers humains, celle que cristallise chez tout le monde l’intelligence artificielle.
« Une voiture sans pilote »
Pour Maître Xavier Dulin, avocat spécialisé en droit du travail, si la métamorphose du métier est évidente, la menace l’est moins. « Ces outils vont avoir un impact évident sur notre travail. Cela peut représenter un gain de temps, de facilité, allant de la rédaction à la réflexion. Mais les logiciels ne font pas de stratégie, ils ne prennent pas de responsabilité, ils n’ont pas l’empathie nécessaire. » Il remarque également que les questions de sources et de fiabilité devront être scrutés, si ces outils viennent à se généraliser.
L’avocat s’avoue impressionné par les réponses qu’il a obtenues en utilisant les deux logiciels. « C’est comme passer d’une diligence à une voiture ». Malgré tout, il les compare à « une voiture sans pilote: à la fin de la procédure, on est rassurés qu’un être humain puisse superviser le tout », abonde-t-il. D’autant que, pour l’heure, ces nouveaux outils manquent de législation, selon Maître Dulin.
Chez Ordalie comme chez LegiGPT, on tire les mêmes conclusions: si l’intelligence artificielle fait preuve de compétences parfois bluffantes, « elle ne remplacera jamais un avocat ».
« Être avocat est un métier de connaissances, mais surtout d’expériences », affirme Léa Fleury. « Notre volonté est d’apporter un soutien, une optimisation du temps de recherches, mais jamais de remplacer les métiers du droit ».
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