Cela se propage sur internet : En Pologne, une militante du droit à l’avortement condamnée par la justice

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Voilà un éditorial que nous sommes heureux de communiquer ici sur notre site. La thématique est « la justice ».
Son titre (En Pologne, une militante du droit à l’avortement condamnée par la justice) est évocateur.

Annoncé sous la signature «d’anonymat
», l’éditorialiste est connu et fiable.

Sachez que la date de parution est 2023-03-14 18:22:00.

La militante pro-IVG Justyna Wydrzynska tient une conférence de presse après avoir été condamnée, mardi 14 mars 2023, pour assistance à un avortement, à Varsovie.

Dans une salle de tribunal bondée, Justyna Wydrzynska se tient droite dans le box des accusés au moment d’entendre sa condamnation, mardi 14 mars, onze mois après le début de son procès. La juge déclare la militante du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) « coupable » d’avoir « aidé à avortement ». Sa sentence ? Huit mois – 240 heures – de travail d’intérêt général. Un demi-soulagement, alors que l’article 142 du Code pénal, qui vise ce délit, prévoit jusqu’à trois ans d’incarcération. C’est la première fois qu’une militante devait faire face à la justice pour une assistance à un avortement en Europe.

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Pilier du collectif Avortement sans frontières, Justyna Wydrzynska avait, en 2020, aidé une femme à interrompre une grossesse non désirée en lui envoyant spontanément ses propres pilules, constitutives d’une IVG médicamenteuse. La quarantenaire n’a jamais connu la dénommée « Ania », une mère de famille en prise avec un partenaire violent. Son compagnon, qui lui avait interdit de se rendre en Allemagne pour avorter, s’est finalement emparé du colis, appelant aussitôt la police. Ania a fini par faire une fausse couche. « Je n’ai jamais regretté un seul instant. Il s’agissait juste d’aider mon prochain, alors qu’Ania était victime de violences », avait témoigné Justyna Wydrzynska auprès du Monde fin 2022.

Après sa condamnation, face aux caméras, la militante affirme ne pas accepter son verdict, annonçant faire appel. « Je ne me sens pas du tout coupable. Nous allons tout simplement continuer notre travail et répondre à chaque appel à l’aide pour une IVG. »

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La loi en Pologne est l’une des plus répressives de l’Union européenne. Elle n’autorise l’avortement qu’en cas de danger pour la vie de la femme enceinte, de viol ou d’inceste. Et l’accès effectif à ce droit est souvent entravé. Des manifestations monstres avaient accompagné l’interdiction d’avorter en cas de grave malformation fœtale, actée en janvier 2021 et annoncée en octobre 2020 par le Tribunal constitutionnel. Si l’assistance à l’avortement est criminalisée, toute personne qui s’administre elle-même des pilules obtenues pas ses propres moyens ne saurait faire l’objet de poursuite. Et c’est justement de ce rouage-là dont jouent les militants et ONG œuvrant dans ce domaine, envoyant des pilules anonymement depuis l’étranger.

« Ce verdict est une honte »

« Ce verdict est une honte. Cette affaire est avant tout politique », déplore Kinga Jelinska, à la tête de Women Help Women, une organisation membre d’Avortement sans frontières, qui se charge d’envoyer des avortements médicamenteux à domicile. « Le pouvoir est complètement coupé de la réalité, dénonce-t-elle : la majorité des Polonais sont désormais favorables à l’avortement. Quant à Ania, elle a même envoyé une lettre à Justyna Wydrzynska pour la remercier de “son acte d’humanité”. »

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